We are honored to launch the Second Edition of Home Away from Home with Monsieur Alain Thirion’s story. Mr. Thirion from Belgium has lived in China for 30 years and is now retired in Xiamen. This article is originally written in French, choose English on the drop-down menu above to see the translation.

 

Voyage au centre de moi-même.

The Great Wall in Shanhaiguan in 1990

 

 

« C’est toujours par hasard qu’on accomplit son destin »

De même que j’ai toujours préféré les mélanges et les alliages: mélange de saveur en cuisine ou alliage des matériaux en général , je me suis toujours senti un peu à l’étroit dans ma culture. Aussi, afin de rajouter un peu de sel au caramel de ma vie en Belgique j’ai eu envie d’un « ailleurs ».

Après avoir visité beaucoup de pays j’ai réalisé que le meilleur endroit de vie pour moi était la Chine, et cela après l’avoir arpentée de long en large pendant trois mois à la fin du siècle passé.

De retour dans mon plat pays natal, j’ai pris la décision d’apprendre le mandarin. Ce fut la meilleure idée de ma vie, car bien que n’ayant pas réussi à apprendre cette langue, cela m’a permis de rencontrer la femme de ma vie : ma prof de chinois.

Un an après nous étions mariés et ensuite main dans la main nous avons sauté au-dessus de la grande muraille. Nous avons atterri à Xiamen , car c’est dans cette charmante cité que sa mère habitait.

 

« Le bonheur durable ne vient pas de l’acquis, mais du perpétuel changement. »

Après avoir passé quelques années dans le commerce de l’art entre la Belgique et la Chine, on m’a proposé de donner des cours de français. Cette proposition m’a surpris car je n’avais aucune formation d’enseignant, mais à la réflexion je me suis dit que c’était peut-être une expérience à tenter.

Bien m’en a pris car je me suis très vite aperçu que cette interaction de cerveau à cerveau, très différents, était passionnante. Ceci dit je m’étais déjà rendu compte à quel point ces échanges d’idées interculturels étaient enrichissants lors des discussions que j’avais, et que j’ai toujours, avec mon épouse .

Autre avantage majeur de l’enseignement en « face-à-face »: le fait de pouvoir communiquer avec une personne en chair et en os, alors que l’immense majorité de gens aujourd’hui, les yeux englués en permanence sur leur téléphone, sont occupés à faire défiler des inepties. Mais bon, c’est ce qu’on appelle le progrès et je pense que cela doit être universel.

« Toute la Diversité, tout le Charme, toute la Beauté de la Vie est faite d’Ombre et de Lumière »
(Léon Tolstoï )

Étant donné que pour ma part j’ai l’habitude de me promener le nez en l’air ( en faisant attention au vélos moteur des livreurs qui sont les rois des trottoirs) j’ai pu constater à quel point la ville de Xiamen était  belle, particulièrement propre et qu’elle dégageait un sentiment de bien-être et de sécurité; toutes ces qualités faisant aujourd’hui cruellement défaut dans pas mal de villes de par le monde.

Bien entendu, mon caractère de vieux grognon est parfois aiguillonné par certains traits de caractère de mes hôtes.

Que ce soit pour éternuer, rénover une habitation ou un commerce, ou parler au téléphone, il faut que cela se fasse bruyamment afin que tout le monde soit au courant de ce qui se passe. D’un autre côté, cela a l’avantage de couvrir le bruit des klaxons des voitures (de préférence imposantes). En ce qui concerne les démarches administratives, qui sont parfois aussi compliquées que dans toutes les administrations du monde, la méconnaissance de la langue chinoise n’est pas un atout. Mais heureusement depuis que les gens de la communauté de Guanren « one world » se font un plaisir de me prendre par la main, ces démarches ne sont plus un problème.

 

 

Conclusion.

Pour conclure je dirais que le bilan de mon expérience d’expatrié en Chine, malgré ces quelques inconvénients mineurs, qui ont l’avantage de pimenter malgré tout un peu mon existence, est on ne peut plus positif.

Déjà, rencontrer quelqu’un d’autre est très enrichissant car cette personne nous voit et nous considère tel que nous paraissons, chose que nous sommes incapable de faire, même devant un miroir. Et si en plus cet « autre » a une culture différente de la nôtre, c’est d’autant mieux.

C’est par « l’autre » que je peux saisir réellement mon existence et accéder à une connaissance véritable de moi-même.

Sans parler du fait que tout progrès culturel est fonction d’une coalition entre les cultures; coalition d’autant plus féconde, qu’elle s’établit entre des cultures plus diversifiées.

Bon, je vais m’arrêter ici, car mon voisin a décidé d’essayer ce soir son tout nouveau marteau-piqueur.